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Ancien directeur exécutif de la Banque mondiale pour l’Afrique Sub-saharienne, Poalo Gomes est candidat à l’élection présidentielle prévue en mars, en Guinée-Bissau. Il mesure l’importance de son pays dans la résolution du conflit en Casamance. Ayant vécu au Sénégal et marié à une Sénégalo-Bissau-guinéenne, M. Gomes propose le développement économique comme source de stabilité et socle d’une nouvelle coopération entre les deux pays.
Après deux reports consécutifs (mai puis novembre 2013), avez-vous des garanties sur la tenue de l’élection présidentielle en Guinée-Bissau le 16 mars prochain ?
« Je suis assez préoccupé par la lenteur du recensement, par sa qualité également. Il a démarré dans des conditions qui ne sont pas optimales, dans l’équipement et l’organisation ; d’où l’extension de la période du recensement jusqu’à fin janvier. Ce qui va avoir des répercussions sur la période légale. Les périodes prévues par la loi (pour le processus électoral comme la campagne électorale, ndlr…) devraient être raccourcies. Nous avons eu une discussion avec la Commission nationale des élections pour avoir des garanties, mais ce n’est pas tout à fait clair pour le moment. Nous allons tout faire pour mettre la pression sur les autorités de la transition afin que ces élections puissent avoir lieu le 16 mars.
Quel est le programme que vous allez présenter aux électeurs ?
Mon programme porte sur quatre piliers qui reposent sur un socle très fort. Le premier est le développement urbain, avec l’éducation et la santé. L’éducation est une grande urgence. Puis viennent la paix et la sécurité avec la réforme des forces de sécurité. J’envisage aussi de placer la Guinée-Bissau dans l’épicentre sécuritaire de la sous-région. Mon troisième pilier est la création d’emplois. Le quatrième, ce sont les infrastructures : créer une plateforme logistique qui permet de rendre le pays plus attrayant et de valoriser ses ressources naturelles. Ces quatre piliers reposent sur un socle important qui est la bonne gouvernance. C’est une vision que j’aimerais réaliser, en collaboration avec le Premier ministre puisque notre Constitution lui donne un pouvoir important. Il faut créer un climat de dialogue qui n’a jamais eu lieu dans ce pays et rétablir la confiance. Nos relations avec nos voisins seront renforcées. C’est dans ce sens que je propose une zone de coprospérité avec le Sénégal qui couvrirait la zone allant de la Casamance jusqu’au Nord de la Guinée-Bissau. Nous pourrons y mettre à profit, en commun, nos avoirs comparatifs et faire de cette région une zone beaucoup plus dynamique et créatrice d’emplois pour nous aider à l’installer définitivement dans la paix et la stabilité.
Quelles sont vos autres solutions et recommandations pour une paix durable et définitive en Casamance ?
Je pense qu’il y a une négociation qui est enclenchée par le Président Macky Sall. Il a appelé des acteurs importants à négocier de manière différente de celle du passé, avec des médiateurs. Ma proposition de zone de coprospérité vise à utiliser la Guinée-Bissau comme un acteur important pour créer la paix et la stabilité à travers le volet économique sur lequel nous voulons participer quand ces négociations vont avancer et qu’elles seront conclues. Nous avons tous intérêt à qu’il y ait la paix en Casamance. Elle doit être soutenue par un programme ambitieux de transformation économique de la zone.
La Guinée-Bissau a été souvent accusée d’être une base arrière des combattants du Mfdc. Qu’en pensez-vous ?
Je sais que dans le passé, il y a eu ce problème. En 1998, il y a eu des accusations de trafics d’armes de nos militaires et qui ont conduit en grande partie à la rébellion de 1998. Je ne sais pas l’état des choses actuelles, mais il me semble qu’il y a une conscience très forte des Bissau-guinéens que nous n’avons aucun intérêt à la déstabilisation de la Casamance, car il pourrait y avoir des conséquences sur notre pays. Nous ne serons pas un pays qui doit faciliter l’instabilité dans la sous-région. J’insiste sur le besoin en Guinée-Bissau comme au Sénégal de la création d’une zone de coprospérité et de mettre fin à l’instabilité en Casamance et dans le nord de la Guinée-Bissau.
Comment voyez-vous la future coopération sénégalo-bissau- guinéenne ?
J’ambitionne de développer les infrastructures pour commercer avec le Sénégal. Il faut encourager les échanges dans la formation, car il y a plus de 3.000 étudiants bissau-guinéens au Sénégal. Il faut que notre diaspora au Sénégal soit appelée à jouer un rôle en Guinée-Bissau. C’est une diaspora dynamique, le leadership qui existe au Sénégal, nous pouvons l’utiliser pour proposer des axes de coopération. Jusqu’à présent la Guinée-Bissau n’est pas proactive, avec moi elle le sera.
Quelles sont vos chances de devenir le prochain président de la Guinée-Bissau ?
Très fortes ! Il y a du travail fait à la base, comme avec l’exemple du Président Macky Sall. C’est une « best practice » que j’ai utilisée, et je pense qu’elle peut être aussi payante. Il n’y a pas de secret, il faut aller vers les populations. Je n’ai pas de parti politique, notre Constitution encourage une indépendance de candidature pour pouvoir permettre au président d’être au-dessus de la mêlée, d’être un rassembleur et de rétablir la confiance. Les dernières élections ont eu plus de 40% d’abstention, c’est un authentique parti que je peux utiliser pour changer le cours des choses en Guinée-Bissau.
Propos recueillis par Correspondant à Paris, Moussa DIOP
source: http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=35616:paolo-gomes-candidat-a-la-presidentielle-en-guinee-bissau-l-je-propose-une-zone-de-co-prosperite-pour-la-paix-en-casamance-r&catid=78:a-la-une&Itemid=255